Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

MARIE-ANTOINETTE FERSEN ET BARNAVE 283

Fersen, qui dans l'intérêt de Louis XVI et de MarieAntoinette cherchait à neutraliser les efforts des princes et des émigrés, traitait leurs projets de « folle » équipée, » et leur attitude vis-à-vis du Roi et dela Reine de trahison, avait aussi pénétré les vues intéressées des puissances en leur promettant leur appui. Il écrivait au Roi de Suède : « La Prusse demande déjà où serait le remboursement. » Et Gustave III lui répondait : « La Prusse et l'Autriche n’ont qu’un but, c’est de démembrer la France. »

Le roi de Suède, si ardent pour la contre-révolution pendant qu’il était à Aix-la-Chapelle, était en grande partie revenu de cette idée depuis qu'il était rentré en Suède. L'opinion du pays se prononçait très nettement contre cette folle aventure d’une intervention de la Suède dans les affaires de France, et Gustave IIT commençait à comprendre que Catherine Il, en le poussant à cette intervention, en y engageant la Prusse et l'Autriche n'avait pour but que de les occuper ailleurs pendant qu’elle ferait ses affaires en Pologne. Il ne se sentait plus aussi touché des chaleureux appels qu’elle faisait à son « preux chevalier » de se hâter de révêtir sa « brillante armure » pour voler au secours des souverains français si indignement traités, mais il partageait parfaitement son avis lorsqu'elle lui écrivait : « Le malheur dans ces affaires de France c’est la mésintelligence qui règne entre la Reine de France et les princes émigrés