Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance
FERSEN ET BARNAVE 49
C'était l'attitude de Barnave quiinspirait à la Reine cet espoir de douceur » de la part de l’Assemblée. Après l'arrestation à Varennes la famille royale était rentrée à Paris accompagnée par les membres de l’Assemblée, Barnave, Pétion et Latour-Maubourg, qui se relayaient dans la voiture pour surveiller les prisonniers. La Reine avait causé aveceux, avec Barnave surtout. Celui-ci avait été très réservé au début, détournant la tête et regardant par la fenêtre pour éviter de répondre aux questions de la Reine; à tel point que Marie-Antoinette avait dit en riant à Pétion : « Dites done, je vous prie, à votre ami qu’il ne regarde pas tant par la portière quand je lui pose une question!. »
Mais Barnave avait été enfin conquis par l’amabilité, l’exquise bonté de la Reine, et la conversation avec lui avait pris un caractère intime et presque familier. De là naquit d’un côté une profonde admiration, sous laquelle se cachait peut-être un sentiment plus tendre ; de l’autre une sincère sympathie. Le gardien promit à la prisonnière son appui et son entier dévouement. La Reine assura le jeune député de sa confiance et promit d’avoir recours à lui le cas échéant.
L'impression que laissait à Barnave ce voyage nous est révélée par ce qu'il écrivait plus tard sur cet épisode de sa vie : « Époque à jamais gravée dans
1. Journal de Petion cité par Le Notre : Le Drame de Varennes. p. 246.