Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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invariable. L'intérêt public, qui dans cette circônstance est le même que celui du Roi, sera leur guide, et le succès est sûr. S'il y a de la part du Roi et de la Reine autant de confiance jusqu’au terme des événements qu'il y aura de leur part de constance et de courage, ils répondent de tout, jusqu’au moment où le Roi aura à prendre librement un parti définitif. Mais c’est à la condition que dans cette circonstance, comme dans toutes celles qui auront précédé, leurs conseils seront exactement suivis. Un plan régulier de conduite, depuis le commencement jusqu'au terme de cette grande affaire, est nécessaire pour la faire réussir. S'il est exactement suivi de chaque côté, il rendra au royaume la tranquillité, au Roi sa dignité et sa considération. Mais s’il était possible que l’influence de quelques conseillers pût déterminer le Roi à s’en écarter un moment, l’État serait bouleversé, le Roi perdrait sa couronne et ceux qui auraient voulu sauver l’un et l’autre ne pourraient plus apercevoir de salut pour eux et pour la chose publique qu’en se jetant dans un parti tout opposé.

» Cela convenu, les seuls objets dont la Reine ait à s’occuper sont ceux qui lui ont été présentés relativement à l'Empereur et aux émigrants. L’intérèt des rois et particulièrement celui de l'Empereur est clairement indiqué : toute tentative armée sur la France, impuissante en elle-même, les expose encore à voir notre révolution se propager chez eux, et les moyens