Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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la force et le courage avec lesquels les personnes auxquelles je m'adresse ont soutenu la monarchie. Cette force ne peut que m'inspirer de la confiance à l'égard des autres points. Mais il serait à désirer qu'ils communiquassent avec moi plus souvent, ou, pour mieux dire, qu'ils me fissent part eux-mêmes de leurs idées. Étant isolée, ne voyant et ne pouvant voir personne, ne recevant des nouvelles de qui que ce soit, écrivant encore moins.je ne sais les nouvelles du jour que par les papiers publics. Il m'est impossible, d'après cela, de me former une idée juste et encore moins de la raisonner. La seule affaire dont je puisse parler avec un peu de connaissance de cause, c’est quant à la mission à remplir auprès des frères du Roi. Je crois, par exemple, que si l’on a toujours l'intention d'y envoyer quelqu'un, il ne faudrait pas tarder. Ce projet a percé dans le public; des gens officieux, qui, sous ce prétexte, travaillent pour euxmêmes, d'autres qui espèrent, par le refus des princes, amener un autre ordre de choses, préviendront sûrement là-bas et mettront toutes les entraves aux négociations qu'on désire voir entreprendre en notre nom. C’est pour cette raison que j'ai été fâchée de voir que M. Muguet, dans son rapport, parle du désir qu'on aurait de voir rentrer les princes et les émigrants. Ceci n’était pas nécessaire et ne servira qu’à les faire se buter d'avantage quand on ira leur parler de notre part. Ils sauront quinze jours à