Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 85

ne se tranquilliseront pas par des assurances et des illusions. L'effet seul les éclaircira sur les intentions. » Veut-on conserver réellement la monarchie en France, il faut que la constitution soit adoptée volontairement par le Roi très chrétien, il faut qu'il ne puisse y avoir aucun doute sur la liberté parfaite de sa volonté, et, comme on sera autorisé d'en douter tant que sa détermination sera exposée à des alternatives et des conséquences fâcheuses, ce ne sera que la conformité de la constitution même avec les caractères qui dérivent de la conception la plus essentielle du gouvernement monarchique qui pourra nous tranquilliser sur ce point avec vraisemblance.

» Ces caractères essentiels satisferont aux réclamations consignées dans la déclaration libre ! donnée par le Roi le 20 juin; ils sont aussi tous compris dans le vrai sens des assurances que donne votre lettre et celle du ministre.

» Mais, encore une fois, chère sœur, les effets seuls décideront la détermination du concert que les puissances étrangères ne peuvent pas tarder de prendre sur les affaires françaises.

» Nous réunissons avec zèle, force et vigueur nos soins et notre soutien en faveur des efforts sincères que feront les vrais amis du Roi et de la nation fran-

1. Allusion à l'écrit laissé par Louis XVI à son départ de Paris, dans lequel il déclarait qu'il partait parce qu'il n’était pas libre.