Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

86 MARIE-ANTOINETTE

çaise. Maïs rien au monde ne détournera notre attention la plus sérieuse d’un objet qui intéresse votre félicité et le salut public de l’Europe.

» Je vous embrasse chère sœur, avec l'amitié la plus tendre et le plus vif intérêt. »

Quant à la réponse du comte de Provence, l'emploi qu’il avait fait du chiffre qu'il avait reçu de sa bellesœur la rendait à peu près indéchiffrable.

Elle lui écrit :

« J'ai enfin pu déchiffrer votre lettre, mon cher frère, et ce n’est pas sans peine. Il y avait tant de fautes [dans l'emploi du chiffre]; mais ce n’est pas extraordinaire pour votre début et vu la longueur de votre lettre. Les expressions de votre amitié ne peuvent que toucher sensiblement mon cœur. J'aime à croire que vous le connaissez assez pour ne pas en douter. Oui, sûrement, la méfiance ne peut et ne doit exister entre aucun de nous et vous devez avoir vu par tout ce que le baïlli! vous aura dit de notre part combien elle est loin de notre cœur pour vous deux; mais pour que cela soit durable il faut se méfier des deux côtés des êtres vils et bas qui n’ont d'existence que par l'intrigue et qui ne cherchent qu’à nous désunir, sachant bien que si nous sommes d'accord leur rôle est fini. Il y à par exemple un mot dans votre lettre que je vous conjure par votre amitié

1. La personne envoyée en mission auprès du prince dont le nom n’est pas mentionné.