Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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et de Marie-Antoinette, s'était laissé gagner, durant son séjour à Aix, par les idées qui régnaient au camp des émigrés. Malgré les avis de Fersen, qui ne cessait de lui signaler les dangers que faisaient courir à la famille royale à Paris ces agissements des princes, malgré les craintes que lui exprimait au mème sujet Breteuil, malgré les représentations que jui faisait faire Catherine Il, qui voyait clair, il se décida, dans l'intérêt de la « cause des souverains », à prêter son appui aux projets de l’'émigralion au détriment de Louis XVI. Il répondit à son ambassadeur à Pétersbourg, pour l'information de Catherine:

Ç J'ai vu vos appréhensions pour la famille royale, et quelque fondées qu'elles étaient, ces dangers sont beaucoup plus grands à l'heure qu'il est. Mais, quoique lintérêt que je prends à son sort soit très grand, la considération que je dois à la situation générale, à l'équilibre de l'Europe, aux intérêts parliculiers de la Suède, à la cause des souverains est plus grande encore. Tout cela dépend de la restauration de la royauté en France. Il peut ètre indifférent si c’est Louis XVI ou Louis XVIT ou Charles X qui est assis sur ce trüne, pourvu que ce trône soit restauré, pourvu que le monstre du manège soit

écrasé !. »

4. Aix, 10 juillet 1791. Leltre au comte Stedingk, ambassadeur ‘de Suède à Saint-Pétersbourg. Schinckel-Boétius. Appendice }, p. 116.