Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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que Louis XVI envoyait auprès d'eux, au mois de septembre, pour leur faire entendre qu'ils devaient cesser de susciter des ennemis à la France et venirreprendre leur place auprès du trône, elle dut renoncer à tout espoir de les émouvoir, de les faire renoncer à leurs desseins. Le comte de Provence avait reçu Goguelat avec hauteur, l'avait invité à passer du côté des émigrés, et lorsqu'il refusa d'abandonner la cause du Roi, l'avait renvoyé brusquement sans même répondre à la lettre de son frère’. Marie-Antoinette écrivait alors à Barnave, qui la pressait toujours d'intervenir auprès des princes émigrés :

C...Je répète que notre intérêt personnel est tellement attaché au retour de Monsieur, que je pourrai paraitre suspecte en toute démarche que je ferais à ce sujet. Il faut qu’on trouve un moyen d'agir sur les esprits sans que nous paraissions en rien. Au reste, le parti qu'on a pris à Coblentz de regarder comme forcée et preuve de notre manque de liberté toute démarche que nous faisons, nous interdit aucune démarche particulière. »

Sauver le Roi et la Reine malgré eux, Sauver surtout l’ancienne monarchie et les anciens privilèges, détruire cette constitution abhorrée, voilà le but des princes et des émigrés. Périsse le Roi, plutôt que la royauté. Le Roi mort, vive le Roi.

Gustave IT, qui était pourtant l'ami de Louis XVI

1. Ernest Daudet, Histoire de l'Emigration. Coblentz, p. 122.