Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 189

Cependant, quelques-uns de nous pressentirent les tempêtes prochaines. L’actif et vigilant de Leutres: nous avoit, le samedi 11 juillet, avertis de nous tenir sur nos gardes. « Le lundi 13, nous disoit-l, pourroit bien amener de plus grands malheurs encore que ceux de la désastreuse journée du 13 juillet de l’année précédente », jour fatal, où l’on sait qu’une partie de la France fut ravagée par la grêle.

Le dimanche 12 juillet 1789.

Le matin, on trouve au coin des rues une affiche: De par le roi, etc. On vouloit nous endormir par cette affiche insidieuse, et nous persuader, comme à de bons Gaulois, que le rassemblement des troupes dans les environs de Paris et de Versailles n’étoit qu’une simple précaution contre les brigands. Nous en connoissions, en effet, et de fort redoutables; mais ce n’étoit pas de ceux-là qu’il s’agissoit : aussi personne ne fut la dupe de cette précaution.

À midi, le bruit se répand que M. Necker est renvoyé, qu'il est parti. La consternation fut

1. Électeur du district de Saint-Eustache.

2. On put lui appliquer ce que Tacite dit de Burrhus après la mort de cet illustre Romain : Civitali grande desiderium ejus mansit, (AnN., lib. XIV, $ 51.) (Dusaulx.)