Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 197

nombre infini de voitures, de chariots, de charrettes, arrêtés aux portes de la ville et chargés de toutes sortes de provisions, de vaisselle, de meubles, de subsistances, etc.; de sorte que la place de Grève fut, pendant plusieurs jours, l’un des plus riches entrepôts de l'Europe, mais aussi le plus turbulent et le moins accessible.

Le peuple, qui ne soupiroit qu'après des armes et des munitions, car c’étoient là, depuis deux jours, ses premiers ou plutôt ses seuls besoins, le peuple nous arrivoit en foule et devenoit plus pressant de minute en minute; ses instances et ses menaces redoublèrent sur le midi.

À une heure et demie ou environ, le prévôêt des marchands annonce que M. [de] Pressoles, directeur des armes de la manufacture de Charleville, lui a promis douze mille fusils, qui seront bientôt suivis de trente mille autres. On l’en croit sur sa parole. Le comité se rassure, et il arrête que le fonds de la milice parisienne sera porté, jusqu’à nouvel ordre, à quarante-huit mille citoyens.

Projetant d’avoir des troupes, il nous falloit des chefs. On offrit le commandement général au duc d’Aumont ; il demanda vingt-quatre heures pour y

1. Le 15 juillet, « à une heure ou environ, dit le procès verbal des électeurs, M. le prévôt des marchands a déclaré que M. de Pressoles, intéressé dans la manufacture de Charleville, lui avoit promis 12,000 fusils ».