Mémoire sur la Bastille

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La fière contenance des Parisiens, leur intelligence et leur activité, produisirent de prompts effets. Parmi tous ces ennemis qui nous entouroient, nous menaçoient, plusieurs, et leur exemple fut bientôt imité, plusieurs, devenus citoyens et quittant leurs drapeaux, vinrent nous offrir leurs services : c'est ce que l’on appeloit désertion, et nous patriotisme *. Fe

Des hussards, nous dit-on, paroissent au faubourg Saint-Antoine; on a vu charger et pointer les canons de la Bastille; le sang va couler. Un officier invalide vint nous déclarer, de la part du gouverneur de cette forteresse, que celui-ci promet de ne point faire tirer, de rester neutre, pourvu que l’on reste tranquille : ce n’étoit pas là notre compte, ni celui des vrais citoyens.

Des avis et des renforts nous arrivoient de toutes parts; la fermentation augmentoit; mais nous attendions avec impatience la réponse du duc d’Aumont, qui avoit demandé vingt-quatre

1. Je regretterai toujours que M. de Vauvilliers m'ait retenu le lendemain mercredi 15 juillet, lorsque, après avoir demandé la parole, j’allois répondre à un membre de l’Assemblée nationale qui proposoit, dans cette fameuse séance, d’implorer la grâce des gardes françoises, etc. (Dusaulx.) Un murmure général accueillit le mot malheureux de ce député, qui n'est pas nommé. Un soldat s’écria : « Nous ne voulons pas de pardon! Nous seuls avons été fidèles au Roi et à la Patrie! » Le discours du bon Dusaulx eût été superflu.