Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 209

voir arbitraire qui tiroit à sa fin. Mais la Commune de Paris mit bientôt cet honnête, ce digne magistrat, sous sa protection spéciale, et continua de lassocier à ses travaux ï.

Dès la pointe du jour, la place de Grève, qui étoit devenue le dépôt général de toutes sortes d’effets, et même de troupeaux, se remplit de plus en plus; mais le peuple et les canons qui survinrent dans le cours de la journée firent défiler le plus grand nombre des voitures.

On vint de très bonne heure nous redemander des armes et des cartouches, en nous reprochant les refus involontaires et les défaites de la veille, Nous en avions fait chercher : point d’armes ni de cartouches, pas même à l’Arsenal2, Plus ardent que jamais, ce peuple impatient 3, et qui ne savoit pas encore tout ce qu’il alloit exécuter 4, prit le parti de marcher aux Invalides, sans égard au camp du

Champ de Mars.

1. L'arrêté qui en fut pris unanimement est daté du 15 juillet 1789. (Dusaulx.)

2. L’Arsenal, dont la juridiction et l’enclos venaient d’être supprimés par Louis XVI, avait été en partie dégarni au profit de la Bastille.

3. Adeo difficilis est hominibus utcunque conceptæ spei mora. (Verc., lib. Il, cap. 58.) (Dusaulx.)

4. Le gros du peuple ne s’en doutoit pas; mais il est certain que la prise de la Bastille avoit été projetée : M. le marquis de La Salle m'a certifié que la veille il avoit, à cet égard, reçu un plan d'attaque. (Dusaulx.)

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