Mémoire sur la Bastille

212 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

dace alloit toujours en croissant, vint bientôt nous demander la prise de cette forteresse, comme si cela, dit M. du Veyrier, n’eût dépendu que d’un arrêté.

M. Thuriot de La Rosière, électeur, s’y étoit déjà transporté de la part de son district?, pour sommer le gouverneur de se rendre. Il vint ensuite nous faire le rapport de cette démarche inouïe, et dont il sera question dans un autre endroit.

Peu de temps après, l’action s’étant engagée au bord du premier pont, on nous apporta un soldat des gardes-françoises, blessé et expirant; vingt autres, très maltraités, tant soldats que citoyens, furent reçus dans les maisons de la rue de la Cerisaie; et dès lors, quoiqu’on ait reproché aux vainqueurs de la Bastille de n’avoir enfoncé qu’une porte ouverte, dès lors le sang ne cessa pas de couler pendant plus de quatre heures.

Tandis qu’une partie combattoit, l’autre alloit chercher du renfort et du canon; de sorte qu’à chaque instant nous étions instruits des progrès de l'attaque. L'action fut douteuse jusqu’à la fin.

1. Du Veyrier, avocat, deuxième électeur et secrétaire du district de Saint-Étienne-du-Mont, a rédigé avec Bailly le célèbre procès-verbal de l’assemblée des électeurs, adopté par eux en réunions privées (30 décembre 1789 au 8 avril 1790), et qui reste le monument capital de l’histoire politique de Paris en juillet 1789.

2, Saint-Louis de la Culture.