Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 213

Heureusement nous n’eûmes pas le temps de réfléchir ni d’avoir peur : si la peur nous avoit gagnés, que devenoit Paris?

Quelques-uns commençoient à se dire, dans notre comité, que cette affaire étoit plus sérieuse qu'on ne l’avoit cru d’abord ; mais il n’étoit plus temps de revenir sur ses pas.

Pour épargner le sang, il fut résolu d'envoyer au gouverneur une députation solennelle. M. Bellon et quelques autres électeurs furent chargés de la première, qui n’eut aucun succès.

La seconde eut le même sort : elle étoit composée de M. de La Vigne, l’un de nos présidens, et de nos collègues MM. Chignard r, l'abbé Fauchet?, etc., auxquels se joignit, en qualité de volontaire, M. de Botidoux 5, député suppléant des

1. Procureur (c'est-à-dire avoué) au Châtelet, électeur du district Saint-Eustache.

2. L'abbé Claude Fauchet, le chef du gallicanisme révo+ lutionnaire, évêque constitutionnel du Calvados, périt sur l’échafaud avec les Girondins. Il avait été désigné comme électeur par le clergé de Saint-Roch, sa paroisse,

3. Dusaulx écrit M. Bottetidoux, comme d’ailleurs le procës-verbal. Il s'agit de Le Déist de Botidoux, Plus haut, nous avons corrigé Bellon, pour Bélon; ailleurs de Launey pour de Launay, de Losme-Salbray pour de Losme-Solbay. Nous ne croyons pas faire tort à Dusaulx en rectifiant l’orthographe des noms propres qu’il cite. Le lecteur curieux de preuves à l’appui de nos corrections les trouvera surtout accumulées dans le précieux cabinet d’autographes de M. Étienne Charavay.