Mémoire sur la Bastille

L'ŒUVRE DES SEPT JOURS 217

Tant de menaces, tant d’incertitudes, et les malheurs que nous redoutions, nous déterminèrent à envoyer une troisième députation, non moins importante que les deux autres. Ces députations, demandées par le peuple, et toujours accordées par les électeurs, embarrassoïent beaucoup le prévôt des marchands, et il le témoigna d’une manière un peu dure à M. Francotay, qui lui fit baisser les yeux; maisiln’avoit, dans notre comité, que sa voix comme un autre !.

M. Éthis de Cornÿ, procureur du roi à la Ville, M. Francotay, électeur, sont nommés, et se félicitent de cette préférence, la plus honorable, disoientils, que l’on puisse envier. Ils marchent précédés du drapeau de la Ville et d’un tambour. Plusieurs citoyens briguent l’honneur de les accompagner;

votre triomphe en priant monsieur le commandant général de vous le remettre. »

La scène alloit finir, lorsqu'un citoyen, M. Binot, car il mérite bien qu’on le nomme, qui, le 14 juillet, avoit été témoin de la bravoure et de l’humanité de M. Bonnemère, vint nous demander la permission de lui offrir une petite rente viagère, réversible sur la tête de son épouse, etc.

On compte, jusqu’à présent, moins de violences pendant la Révolution que de traits pareils à celui-ci. (Dusaulx.)

1. Le prévôt des marchands lui dit de se taire. Francotay réplique : « Je ne me tairai point, le temps presse, et lon massacre nos frères à la Bastille. J’ai rencontré dans l’escalier un jeune homme qui a eu le bras cassé devant cette forteresse et qui pleuroit la mort de son camarade tué à ses côtés. »

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