Mémoire sur la Bastille
PRÉFACE XXIX
enfin une sorte de compensation : le ministère l'agréa comme rédacteur du JOURNAL DE POLITIQUE ET DE LITTÉRATURE, du libraire Panckoucke, avec lequel il traita. Pendant près de deux ans, tout alla à souhaït. Linguet savait allier la méchanceté à l’égard des personnes et le respect des mœurs, de la religion, de l'État, du roi. Il oublia que l Académie française était un corps de l’État, bafoua le style académique, et déchira un nouvel élu, La Harpe. Le garde des sceaux Hue de Miromesnil, sollicité par l’Académie, cassa aux gages le journaliste, et le remplaça par La Harpe. Mais La Harpe n'eut pas longtemps les rieurs pour lui : car les abonnements s’évaporèrent, surtout lorsque Linguet, réfugié à Bruxelles, y eut fondé les ANNALES POLITIQUES, CIVILES ET LITTÉRAIRES, feuille périodique où il traita, seul ou peu s’en faut', « de omni re scibili et quibusdam aliis ». La théorie du despotisme paternel qu’il continuait à soutenir très sérieusement, quoi qu’en dise Henry Martin (j'en croirai plutôt Voltaire), la haine énergique, quoique dissimulée, que Louis XVI nourrissait contre les prétentions parlementaires, firent que Linguet resta en bons termes avec Maurepas, Vergennes et plusieurs ministres influents. Les ANNALES entrèrent librement, mais non sans quelques accrocs. Le nu-
1. Mallet du Pan lui donna des articles d'économie politique .