Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

XXYI NOTICE BIOGRAPHIQUE

Bien d’autres choses le choquent, l’attristent, le révoltent. Il voit des administrateurs qui sont à ses yeux des voleurs et des homicides ; des généraux jaloux, insubordonnés, sacrifiant l'intérêt commun à leur orgueil et à leur égoïsme; des soldats devenus brigands; et, pour lui, les résistances et les fureurs des indigènes sont justifiées.

Mais rappelons-le : avant que la lassitude morale aidât à sa sévérité contre la conduite tenue en Espagne, sa rectitude de jugement comme de caractère avait suffi pour luirendre antipathiques aussi tous les excès, et la violence révolutionnaire, et les tendances au retour d’un passé qui semblait se ranimer lors du Concordat.

Dans ces dispositions, des infirmités, un tempérament altéré depuis Corfou et surtout depuis la Dalmatie, lui faisaient demander le repos et la rentrée en France, quand arriva Marmont. Celuici, retrouvant en Espagne un général et baron, promu à ces titres en quelque sorte à sa confusion, l’accepta sans hésiter parmi ceux qu'il était bon de renvoyer en France.

La carrière du général Godart semblait terminée, quand il eut pour la quatrième fois conduit une retraite ou un convoi à travers des pays soulevés.

Mais le service actif le ressaisit. Il y revient, sans grand élan, mais ponctuellement.

Ce sera en dépit de sa santé comme à Wilna; en