Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

SUR L'OUVRAGE DU GÉNÉRAL GODART III

Il a des motifs personnels de Hétbe oned nest sous nos yeux les circonstances du déblocus de Raguse : hardiesse qui conçoit, entrain qui exécute, rudes passages franchis, épreuves de la chaleur et de la soif. Mais il nous montre aussi avec détail une armée au milieu de populations barbares dont les mœurs et la férocité à la guerre sont un peu contagieuses, et où des chefs trouvent parfois leur profit plutôt que celui de la cause qu'ils représentent. À ce litre, autani que pour son originalité, l'histoire du pauvre Hadji-bey est instructive.

Rien peut-être n’est plus saisissant en sa simplicité que la page où nous voyons, le soir de la bataille de Gospich, l'armée française, avec ses blessés, resserrée sur une étroite position, la nuit, dans un pays ennemi et presque impraticable. Cela rappelle le tableau tracé par Xénophon, de la situation des Dix mille aux bords du Tigre, après l'assassinat de leurs chefs.

Le colonel Godart, plus que personne, eût été surpris du rapprochement qui lui aurait paru trop honorable. Mais si ce rapprochement peut être fait, c'est précisément parce qu'il n'y a chez lui que naturel dans le récit et sincérité dans l'émotion. Cette émotion contenue relève le langage quand, soit d’une manière touchante, soit avec fierté, il parle de ses parents pauvres et ignorants comme lui, mais respectables ; quand l'indignation l'anime contre les horreurs dont