Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

L's6ji

# vous foyez parti pour Grenoble fans que nous » ayons eu un entretien enfemble. Vous con» naïflez mieux que perfonne le fond de mon » cœur, & vous favez fi je fuis un fincere ami » de la Kiberté du peuple. Eh bien, eût été pour # combiner un mode de gouvernement républi- # cain, dont vous eufliez propagé les principes » dans vos Alpes, que j'aurais defiré que nous » eufñons eu une férieufe converfation. » Mais , depuis long-tems uniquement occupé de vos projets militaires, vous ne fongiez plus » aux bafes fondamentales du bonheur focial. » J’efpere que cette courte épitre arrivera à Gre» noble auffi-tôt que vous. Puifiez-vous y trou» ver l’expreflion fincere des regrets que j'é» prouve de notre féparation , qui pourtant ne » fera pas longue ; car fi je le puis, avant d'aller » à l'armée & aufli-tôt que la convention natio» nale nous aura remplacés , j'irai au milieu de # nos concitoyens goûter pendant quelques jours » le charme de l'amitié, & enfuite je revole à # la frontiere cppofée, pour la défenfe de la L» berté & de l'ésalité.

» À propos, j'apprends qu'on a répandu le » bruit dans Grenoble que je n’étais pas à la » fameufe journée du 10 août. Dites, mon cher » Dopoet, que les procès-verbaux de Paffemblée » atteftent que non-feulement j'y étais toute » cette journée, toute la nuit qui l’a fuivie , mais » encore celle qui Pavait précédée. Je ne fais # pas quitter mon pofte quand ik devient dan» gereux. Je vais quitter la toge pour ceindre »# Fépée & combattre en foldat pour ma patrie.

»# Adieu,

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