Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

[1627 homme fe foit mêlé de la révolution , pour être en, droit de le ranger parmi les traîtres & les intrigans,

Quand on émet une penfée, fi elle eft adoptée par plufieurs perfonnes , cela prouve qu’elle plait & convient à ces perfonnes ; cela ne démontre pourtant pas que celui qui a publié cette perfée , ne lait dit que pour la faire adopter. En propofant une vérité, l’orateur éclaire la raifon des autres ; mais parce qu’il les perfuade, on ne peut pas Paccufer d’avoir forcé leur raifon. ;

Que refte-t-1l donc à examiner dans celui qui influence ? Il refte l'écrit ou les paroles. Il ne faut cependant pas que le juge porte la latitude de linterprétation jufqu’à tous les éyénemens pofibles ; car fi un auditeur devenait avare en entendant déclamer contre la prodigalité, s'il devenait féroce en écoutant l'éloge du courage, sil devenait fainéant quand on parle du repos, ce ferait de la faute des organes de l'auditeur ; ët étendre f loin & fi vaguement la refponfabilité , ce ferait interdire la parole.

C’eften tirant des conféquences auffi abfurdes, c’eft en confondant une caufe avec tous les effets pofñbles , qu’on a trop fouvent perfécuté & calomnié des hommes probes & de finceres amis de la liberté. Le royalifte régarde celui qui ne véut pas de roi, comme un {célérat qui déclame contre tous les gouvernemens. L’accapareur foutient qu'on prêche la violation des propriétés, quand on dévoile fes perfidies. Enño le contrerévolutionnaire regarde comme un crime toute influence patriotique ; & le mot d'influenceur à