Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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raux en chef à cette époque. Il fallait qu'ils puifaffent toutes leurs reflources dans leur énergie , toutes les combinaifons dans la difficulté des cir= conftances, tous les moyens dans la bonne volonté des troupes. Ils n'avaient tous qu’une feule & même inftruétion : il leur était ordonné de ‘ vaincre, fous peine de mort. .….

Une autre difficulté , non moins conféquente que celle dont je viens de parler, s’oppofait encore auxinftruétions qui m’étaient indifpen{ables : c’eft que je n’avais pas de moyens pour favoir ce qui fe paflait chez l'ennemi. Je ne trouvai point de fonds pour les dépenfes fecreies; malgré mes demandes, je ne pus point en obtenir: on fe tontenta de me dire que mes prédéceffeurs en avaient reçus. De maniere que, ne pouvant point falarier d’efpions , je n’avais aucune inftruétion du dehors ; je ne connaïflais ja marche de l'ennemi qu'au moment qu'il était fur moi.

Je favais bien qu'il était d’ufage d'envoyer à . toutes les armées des fonds pour les dépenfes fecretes, & qu'il était impoffble qw'elles puffent s'en pafler ; mais le fait eft, que je n'ai point trouvé de fonds à l’armée des Alpes , à celle de Toulon, ni à celle des Pyrénées Orientales. Je défie qu’on me montre un reçu fait par moi à quelque payeur , ou caifier, pour cet objet ; &c fi j’en avais obtenu, il eft clair aw’on ne me les eût pas comptés fans quittance, Une telle obfervation répond viétorieufement aux mal-intentionnés qui ont cherché à faire croire que, comme quelques autres, j'avais gafpiilé les fonds du tréfor public, & que j'avais, come tant