Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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» Nous devions les attaquer au point du jour; les ordres les plus précis étaient donnés dans toute notre ligne. J’étais au camp de Villelongue À onze heures de la nuit, & je crus appercevoir “dans tous mes freres d’armes de très bonnes difpofitions pour vaincre ou mourir ; &c je ne fais par quelle fatalité l'ennemi nous prévint & nous attaqua.

» A fix heures du matin le 17, leur canon, qui devait leur fervir de commandement préparatoire, tira ; un inftant après, celui d’attaque; la fufillade commença ; l'ennemi emporta Villelongue. Nous battimes en retraite; nous nous rendîimes à Argelès, où je raflemblai les débris de l’armée, Signé, LENTHERIC, adjudant-général,

On voit par ce rapport, que fans me confulter, & malgré l’avis d’une attaque prochaine de la part de l'ennemi, on avait projeté d'aller attaquer Montefquiou , & que pour cela on avait enlevé au pofte de Villelongue fes meillieures troupes. Il eft certain que lennemi , apparemment inftruit de cette manœuvre par des traîtres, profita de labfence des troupes pour fe jeter fur Villelongue, enlever les €amps &t les batteries.

Ce qu'il y avait de plus étonnant dans cette défaite, c’eft que cette divifion était plus forte que les trois autres enfemble; elle était compofée de treize ou quatorze mille hommes. On y demandait fans cefle des armes , des provifions & des bataillons, parce que malheureufement on y avait toujours dans pans le projet

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