Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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Ce fut ce foupçon qui fit fans doute qu’on accufa d'Orléans de la levée de bouclier qui fe ft contre le château de Verfailles dans les journées des ÿ & 6 oëtobre 1789; mais ces foupçons ayant alors donné lieu à une procédure au châtelet, & cette procédure n'ayant rien prouvé contre d'Orléans & Mirabeau, on dut être convaincu que les apparences ne font pas toujours des probabilités. C’eft au moins là la réflexion que j'ai faite depuis lors à ce fujet.

Cependant il a pu fe faire que, quoique d'Orléans n’eût pas voulu fe mettre à la tête d’un parti , il ait été le but d’une faétion fans le favoir ; il a pu y avoir des Orléaniftes dans le tems que la France était monarchique : mais, tout le tems que j'ai fréquenté les fociétés populaires de Paris, je n’y ai jamais vu d'Orléans aflez eftimé pour me faire foupçonner qu'on voulût en faire un roi. (*)

Il a pu £e faire qu'un parti miniftériel d’Angleterre ait eu, dans le commencement de notre révolution, l’idée de faire porter d'Orléans fur le trône de France. D'Orléans, y étant connu, pouvait laifler efpérer à l'Angleterre quelque chofe d’avantageux pendant fon regne. Et puis Vefpoir de profiter d’un changement de dynaftie pour amener des troubles dans cette France qui fut toujours jaloufée par la Grande - Bretagne.

(*) Qu'on ne penfe pas que je cherche à diffamer n° à louer d'Orléans ; je dis ici ce que j'ai cru voir, & je ne l'ai pas connu individuellement, S'il na été qu'un ambisieux, il en a été puni. 1 B iv