Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
| [ 45 7 géreté de quelques hommes à en condamnez d’autres fur les motifs les plus ridicules.
Une circonflance non moins bizarre que la précédente , & dont quelques hommes m'ont depuis fait un crime, fut le hafard qui dans la fociété me mit le premier le bonnet rouge fur la tête, Voici tout fimplement comment cela fe pañfa. Il y avait depuis quelques femaines une réunion de patriotes qui dinaient tous les fame= dis chez un reftaurateur établi dans le jardin des Jacobins. À ces repas, où l’on fe trouvait deux ou trois cents, on avait, je ne fais comment, pris l'ufage de fe décorer du bonnet rouge. Je dois dire en pañlant, qu’à cette réue mion il y avait beaucoup de députés de Vaffemblée lésislative, entr'autres, Merlin de Thion= ville qui, par parenthefe , fut un des premiers à porter ce bonnet par la ville, Un jour, fortant un peu tard de ce diner, je me rendis de fuite de la maifon du reftaurateur à la féance de la fociété. Comme j'en étais fecretaire , je courus à la tribune pour lire le procès - verbal ; & en le fortant de ma poche, j'en tirai , fans le vouloir, le bonnet rouge en même tems que j'en fortais mon papier. Ce bonnet rouge ayant été apperçu , les geñs des tribunes publiques demanderent avec enthoufiafme qu'il fût placé fur ma tête. J'acquiefçai à la demande, pour faire cefler le bruits & depuis lors il fut décidé que le préfident, les fecretaires 8 l’orateur feraient toujours décorés du bonnet rouge. Je peux aflurer que tout cela arriva fans projet de ma part; mais comme