Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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42. C’eft ici le cas d’obferver que la Sa= voie ne fut point conquife par la force des ‘ armes, mais feulement par fon amour pour la liberté & fon antique attachement à la nation françaife. Les Savoifens ne s’étaient point armés pour arrêter la marche des foldats français; ils les appellaient au contraire depuis long-tems. Il y avait en outre un grand nombre de Savoifiens qui fervaient déjà dans l’armée des Alpes avant fon entrée en Savoie.

Auf le peuple favoifen reçut-il les phalanges patriotes avec fatisfa@tion, fraternité & enthoufiafme. Les confuls de la ville de Chambéry

vinrent au-devant de l'armée, & préfentant les | clés au général Montefquiou , l'aflurerent , au nom du peuple, de leur attachement à la révolution françaife.

Ce ne fut point là le réfultat d’une affaire de guerre, ni leffet forcé d’une fuite de combats ; l'entrée de lParmée des Alpes en Savoie fut une vifite amiçale que fe rendaient des patriotes : auf la Savoie ne tarda pas à former un nouveau département de la France. Cette vérité de fait répondra toujours viétorieufement aux amis des anciennes limites par rapport à Pétendue de la France, & qui, pour les reprendre, s’appuient fur ce que la France libre avait renoncé aux conquêtes. Mais, je viens de le démontrer &c je le ferai plus puiffamment encore, la Savoie ne fut point le fruit d’une conquête, la Savoie n’a point été conquife.

La maniere avec laquelle le peuple de Savoie recut l’armée frarçaife, prouve auffi que la ré-