Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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volution des Allobroges n’a point été le fruit de quelques têtes exaltées & d’une petite minorité. Toute la Savoie reçut & embraffa les Français avec tranfport; on ne S'y arma que du moment qu’on put le faire pour la liberté, & aucune aflemblée publique n’avait encore eu leu, que tous les Allobroges criaient déjà, vive la France ! vive la liberté !

On pourrait encore, pour appuyer cette réflexion, citer la maniere rapide & humiliante, avec laquelle les troupes fardes quitterent la Savoie ; car il eft de fait que ces troupes n’oppoferent aucune réfiftance, parce qu’elles craignaient & qu’elles étaient füres d’avoir contre elles les Savoifens, dont la grande majorité était prononcée pour la révolution. Tout cela prouve conféquemment que la révolution des ÂAïlobroges n’a point été l'effet inconfidéré d’une fa&ion.

$. 43. Quel que füt l’enthoufafme des Savoifiens pour la liberté, le paflage d’un gouvernement opprefhf à un régime libre s’y fefait cependant fans tumulte & fans défordre. Les fignes de la liberté remplacerent par-tout ceux de Ja tyrannie. D'un mouvement fpontaré les citoyens s’aflemblerent dans chaque commune, & :l fut arrêté dans toutes que chacune nommerait un député pour fe rendre à une affemblée générale à Chambéry.

Les députés de toutes les communes de la Savoie fe rendirent donc à Chambéry ; leur premiere féance eut lieu le 21 du mois d'oétobre, à deux heures après midi, dans la cathédrale,