Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

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Je ne cherche pas à approfondir fi parmi les oppofans français il y en avait qui le fefaient par fuite de projets liberticides, ou fi chez tous ce n’était qu'une affaire d'opinion ; mais , POUF prouver leurs torts au moins politiques, il me fuit ici de rappeller leurs idées fur le parti que devait prendre la Savoie.

Dans le tems de l’aflemblée des communes , quelques hommes qui marquaient dans la révolution de France, m'interrogerent à Chambé fur le parti que je croyais qu’allait prendre F Savoie : je répondis d’après Pexpreflion de la majorité , & je dis que l'on tenterait tout ce qui arriva depuis. Alors on m’obferva que la réunion trouverait d’abord une grande & vive oppofñition dans la convention nationale ; on me la fit même entrevoir comme impoññble. On me parla enfuite des dettes de la France, & du danger d'en partager l’acquittement. On me peignit la révolution françaife comme très longue encore, & conféquemment jetant la Savoie, une fois réunie , dans des troubles de longue durée. Pour éviter tous ces maux, m’ajouta-t-on, deux partis fe préfentent à la Savoie; & les voici :

Le premäer ef? de vous ériger en république pareiculiere. Ayant démontré le manque abfolu de moyens pour exécuter un tel projet dans la Savoie , on crut me poufler à en tenter l’eflai, en flattant mon intérêt & mon ambition. Dans une république particuliere , me dit-on , il vous fera facile de profiter de votre influence & de jouer un grand rôle ; mais une fois français, & vous trouvant jeté parmi des milliers d'hommes