Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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Que faire, en effet, d’une chimère ? La regretter tout au plus, si toutefois elle est regrettable , et il est douteux que celle de Dieu lesoitaux yeux de l’auteur. Cependant, si à la rigueur, on veut quelque chose comme un Dieu, voici, sous couleur d'ironie, ce qu’il propose à nos hommages.

« Il en est un sans doute, à qui tout est possible ; « A ses rares vertus tout mortel est sensible ; « Du sceptre à la houlette, en honneur en tous lieux.

« Ce Dieu le mieux servi, le père des autres Dieux, :« Ce Dieu est l'or...

Ou bien encore, mais ici il parle un peu plus sérieusement, c’est l'amour: « Oui l'amour est le Dieu, le seul Dieu de la terre.

« On doute, on doute encore de la divinité ; « En tous temps, en tous lieux, on croit à la beauté.

C'est aussi la vertu :

« Mon Dieu, c’est la vertu, pour temple elle a mon cœur.

C'est en outre le génie, et si par hasard on trouve que tous ces suppléments de Dieu, que tous ces Dieux de main d'hommes et tirés de l'humanité, ont quelque chose de trop abstrait, et qu’on tienne à un objet de culte plus palpable et plus sensible, ayant vie et personnalité , il y a le père de famille :

« Sil faut un Dieu à l'homme , qu'il adore son père ;

« Le culte paternel est le culte légitime ; « Honorer d’autres Dieux que son père est un crime.