Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques

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poursuivant sur ce ton, mélant l'injure au défi, et

comme pour mieux convaincre son ennemi d'impuissance et

de néant, dans une sorte d’argument , comme on dit, ad

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hominem , il s'écrie :

O toi, dont je combats l'idéale existence,

Dieu jaloux, dis pourquoi, prodigue de clémence, Pourquoi me permets-tu (faible et hardi mortel),

De blasphémer ton nom, d’outrager ton autel.

Sans effroi, sans remords, impunément impie,

Pourquoi m'applaudissant de ma philosophie,

Suis-je heureux, quand j'ai pu, dans mes vers destructeurs, Déchirer le bandeau de tes adorateurs.

Après quoi, usant d'une autre forme d'attaque, il propose contre Dieu ces diverses raisons :

Ou Dieu n'existe pas, ou bien son existence Est un fruit défendu pour notre intelligence. S'il existe un Dieu, tout devrait l’attester : S'il existe un Dieu, pourrait-on en douter. Dieu, mis dans le creuset de la saine raison, Donne pour résidu seulement un vain son.

La bulle de savon est l'image d’un Dieu ;

Soufflons dessus, la bulle et le Dieu cessent d'être. Prêtre, pour un moment, mets bas toute imposture ; Dieu ne serait-il pas bâtard de la nature ?

Ma raison est ma règle, et mon cœur est ma loi ;

Je n'ai pas plus besoin d'un Dieu, que Ii de moi.