Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux
36 LE MAGASIN THÉATRAL,
suis de vos amis, de vos véritables amis. N°9. Où en est-on.
L'HUISSIER. Le numéro 4 vient d'entrer.
LABREDÈCHE. Bravo! le jour où j’obtiendrai la pension qui m'est si bien due, comme seul et uniqué rejeton d’une famille qui s’est sacrifiée pour la bonne cause, je n'oublierai pas, mon brave, tout ce que vous avez fait pour moi. Est-ce le journal d'aujourd'hui que vous tenez là ?
L'HUISSIER. Oui, mardi 98 février 1815.
BSCSCOOCOEPO DOC PDO OCDE 00000000 000 S
SCÈNE I. Les Mèvwes, UN ANCIEN MILITAIRE.
LE MILITAIRE. Voulez-vous me donner un numéro, s’il vous plaît ?
L'HUISSIER, à son camarade. Veux-tu voir s’il reste des numéros ?
DEUXIÈME HUISSIER. Voici le n° 18.
LE MILITAIRE. Mon tour sera bien long à venir... Mon ami , n’en auriez-vous pas de plus rapprochés? Vous le voyez, nous ne Somines encore que sept où huit.
L'HUISSIER. Non.
LE MILITAIRE. Voilà déjà deux fois que l'heure de l'audience publique se passe avant que mon numéro m'arrive. Et peutêtre qu'aujourd'hui encoreson excellence...
L’HUISSIER. Eh bien! vous reviendrez mardi prochain.
LE MILITAIRE, s’asseyant. Si d'ici là je ne suis pas mort de faim.
LABREDÈCHE, à l'hurssier. J'ai déjà vu cette figure-là ici.
L’auISSrER. C’est un solliciteur.
LABREDÈCRE. Les antichambres sont encombrées de ces gens-là... Eh! qu’y a-t-il sur le journal?
L'HUISSIER, Asant. « Le roi a entendu » la messe dans ses appartemens.… »
LABREDÈCHE. Ah ! tant mieux ! tant mieux |
L’HUISSIER. « Le ministre de la guerre » a travaillé avec Sa Majesté.
LUBREDECHE. Peut-étre aura-t-il mis ma pétition sous Les yeux du fils de SaintLouis... (levant la voix.) C'est un grand homme que votre ministre ! et je dis cela parce qu'il ne peut pas m’entendre..…. Je ne suis pas flatteur.
L'HUISSIER, lisant. « Le marquis de La» feuillade vient d’être nommé colonel du » 3° régiment de chasseurs à cheval, »
LE MILITAIRE. Colonel. un enfant!
LABREDÈCHE, C’est un homme dévoué. un royaliste pur, sans doute, qui a des droits acquis, et qui, comme moi , aura été victime...
L’HUISSIER. Oui , oui. Son père avaitun poste élevé dans la maison de Louis XVI... Il était du gobelet ou de la garde-robe... je ne Sais pas trop.
LABREDÈCHE. C’est juste. Et dit-on que son régiment prendra le nom des chasseurs Lafeuillade?
LE MILITAIRE, à part, d’une voix sourde. Sous l’empereur, il s’appelait l’Zntrépidés DEUXIÈME HOISSIER , appelant. N° 6.
LABREDÈCHE. Il a dit n° 6, n’est-ce pas? Mon tour approche. Y a-t-il autre chose?
L'HUISSIER , lsant. « Sa majesté a nom» mé chevaliers de la Légion-d'Honneur » M. le comte de Formont, capitaine des » chasses de $. A. R. Monsieur; M. le » marquis de Larigues, troisième valet» de-chambre de S. A. R. monseigneur le * duc de Berry; M. de... » (Le militaire arrache son ruban.) Ma foi, il y en a trop long... vingt-sept ou vingt-huit nominatious..... « Son éminence l’archevèque de » Toulouse a été recu en audience particu» lière de sa majesté... »
DEUXIÈME HUISSIER , appelant. Numéro 7.
L’HUISSIER. Pardon, il faut que je vous quitte...
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SCÈNE I. Les Mêues, evcepté L'HUISSIER.
LABREDÈCHE. Ne vous gênez pas, mon ami , ne vous gênez pas. (ant à l'ancien militaire.) Monsieur sollicite une place, une pension ?...
LE MILITAIRE. Ni l’une, ni l’autre ; je demande de l’activité.
LABREDÈCHE. C’est difficile, c’est difficile dans ce moment.
LE MILITAIRE. J'ai vingt ans de service.
LABREDÈCHE. Voilà pourquoi : c’est le tour à d’autres... et vous étiez?
LE MILITAIRE. Capitaine.
LABREDÈCHE. Capitaine... Vous concevez... C’est un grade qui convient à des fils de famille. Nous n'avons plus de guerre; il nous faut des jeunes gens qui sachent soutenir notre ancienne réputation de galanterie et de légèreté dans les salons, qui puissent ouvrir un bal, chanter une romance, broder au tambour... D'ailleurs, vous serviez le tyran.
LE MILITAIRE. Le tyran !
LABREDÈCHE. Ecoutez, l’ancien gouvernement m'a fait assez de mal, pour que j'aie le droit... D'ailleurs je ne l’ai jamais flatté, moi ! Lorsque l’ogre de Corse était: