Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE L'AVÉNEMENT DU ROI LOUIS A LA BATAILLE D'IENA. xxvir

Hollande. Cet espoir fut de courte durée. Au mois de septembre, il apprenait la rupture des négociations, l'armement de la Prusse (1), et peu après recevait de Napoléon des ins. tructions détaillées sur le rôle auquel il était appelé dans la campagne qui allait s'ouvrir (2). A la tête d’une armée de 30,000 hommes, Français et Hollandais, il était chargé de défendre, avec la Hollande, la ligne du Rhin et le nord-est de l'empire. De Wesel où se trouvait son quartier général, il devait se tenir prêt à marcher, — soit vers le maréchal Mortier, établi avec 20,000 hommes autour de Mayence, soit vers le maréchal Brune, qui gardait avec 18,000 hommes la flottille de Boulogne, — selon que l'ennemi menaceraitle Rhin ou la flottille ; dans le cas où la Hollande serait particulièrement exposée, Louis et le maréchal Mortier avaient l’ordre de s’y réunir tous les deux, et, au besoin, le maréchal Brune devait s’y porter également. « J'apprends avec peine que la guerre va se renouveler, écrivait Louis en recevant ces premières instructions. Ma confiance dans le génie et le bonheur de V. M. est toujours la même ; mais la guerre sera peut-être longue cette fois-ci, et, pour la Hollande, il n’y a point de colonies, excepté celles qu’elle a encore, qu’il ne lui convienne de sacrifier pour avoir la paix. Je crois, Sire, prendre les intérêts de ce pays et en connaître les véritables en tenant ce langage. Quoi qu'il en soit, V. M. peut compter sur mon zèle et sur mon dévouement(3). » À ces discrètes représentations Napoléon répondait : « Ce n’est pas le temps des jérémiades, c’est de l’énergie qu’il faut montrer. Renforcez vos cadres, formez des gardes natio-

@) Napoléon à Louis, 10 septembre 1806, p. 28. (2) Napoléon à Louis, 30 septembre 1806, p. 42-46. (3) Louis à Napoléon, 12 septembre 1806, p. 29.