Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DÉ TILSITT. XXXV

qu'il n'avait jamais été (1). Louis avouait que des communications avec l'Angleterre avaient lieu en effet dans une certaine mesure, mais il s’excusait sur la grande difficulté d’empêcher ces relations de s'établir par les pays neutres et les Américains (2). Informé de l'appui intéressé que, dans les ports de lempire, la contrebande rencontrait auprès des agents français, il ne craignait pas d'affirmer à son frère que le commerce avec les îles Britanniques était moindre en Hollande qu'à Anvers et sur les côtes de France (3). Au reste, Jusque vers le milieu de l’année 1807, cette question du blocus provoqua de la part de Napoléon moins des reproches que des avertissements. L'empereur, tout entier aux opérations militaires, ne dirigeait encore de ce côté qu’une partie de son attention. Obérée par les nouvelles charges du blocus, la Hollande continua de l'être par les armements. Napoléon, qui, après Téna, s'était enfoncé dans le nord de l’Europe pour achever les Prussiens et atteindre les Russes, et qui poursuivait, à travers la Prusse et l’ancienne Pologne, cette longue campagne que devaient clore les victoires d'Eylau et de Friedland, avait plus que jamais besoin d’être assuré des parties septentrionales de son empire. À diverses reprises, dans les premiers mois de 1807, il avait demandé à son frère de renforcer les troupes hollandaises qui concouraient en Allemagne aux mouvements de la Grande-Armée (4), et dont le chiffre, à la fin de mars, excé-

(1) Napoléon à Louis, 25 février 1807, p. 93.

(2) Louis à Napoléon, 11 mars 1807, p. 95.

(3) Le jour même où l’empereur rendait son fameux décret de Berlin, Louis lui écrivait qu'on préparait à Nantes une exportation de grains, de la valeur d’un million, sur treize bâtiments neutres pour les ports de l'Angleterre. Louis à Napoléon, 21 novembre 1806, p. 77.

(4) Napoléon à Louis, 25 février, 19 et 23 mars 1807, p. 94, 96, 98.