Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DE TILSITT, xxxvir

préparatifs paraissaient menacer la Hollande ou Anvers ou Boulogne (1). Napoléon craignit même un moment un débarquement en Bretagne (2). Pressé par la nécessité, Louis recrutait à force et joignait un certain nombre de gens du pays au peu de troupes organisées dont il pouvait disposer (3); mais il n’osait former de gardes nationales : l'approche des Anglais, coïncidant avec l'éloignement de Napoléon, agitait les partis, et cette mesure lui semblait périlleuse. Bientôt il apprenait que l'expédition anglaise, forte de 25,000 hommes, était, selon toute apparence, destinée pour la Hollande, et il mandait à l'empereur que, n'ayant que trois bataillons de gardes, c’està-dire 3,000 hommes, et quatre dépôts, deux en Ost-Frise et deux au Helder, il pourrait tout au plus défendre quelque temps Amsterdam (4). Loin de rien faire pour soutenir son frère en cet instant critique, Napoléon avait exigé de lui de nouveaux renforts qui venaient d’être dirigés sur l’Allemagne (5). À la vérité, il estimait, d’après ses propres renseignements, que l'expédition anglaise était préparée, non pour la Hollande, mais pour la Baltique (6), et il avait fait entrer dans un corps d'observation, qu’il venait de former sur l'Elbe et de confier au maréchal Brune, quatorze mille des Hollandais établis en Allemagne (7). Cependant, sur de nouvelles représentations du roi qui se jugeait de plus en plus menacé et qui, concevant les plus grandes inquiétudes au sujet du Helder, d'Amsterdam et de l’île de Walcheren, demandait qu’une divi-

(1) Louis à Napoléon, 20 mars 1807, p. 96.

(2) Napoléon à Louis, 31 mars 1807, p. 101.

(3) Louis à Napoléon, 24 mars et 5 avril 1807, p. 99, 104, 105. (4) Louis à Napoléon, 9 et 12 avril 1807, p. 106, 107.

(5) Louis à Napoléon, 24 mars et 5 avril 1807, p. 99, 104.

(6) Napoléon à Louis, 23 avril 1807, p. 113.

(7) Napoléon à Louis, 6 mai 1807, p. 117.