Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

16 MAI 1810. 271

Louis À NAPOLÉON.

Amsterdam , 16 mai 1810. —$ire, j'adresse à V. M. les cartes qu'elle a demandées. Je lui adresse aussi des lettres arrivées de Londres hier. J’ai signifié à la personne qui les à reçues qu’elle devait cesser d'entretenir cette correspondance. Je suis assuré qu’elle le fera parce que c’est un homme aussi honnête qu'éclairé ; mais j’ai cru cependant devoir vous envoyer les renseignements qu’il avait reçus et qui seront sans doute les derniers. J’ai retenu l'officier d'ordonnance de V. M. I. afin que les cartes lui fussent remises et qu’il pût s’en charger.

V. M. demande que les neuf vaisseaux soient prêts sans faute au mois de juillet. J’espère qu’ils le seront. Je fais tout pour cela. Maïs il manque beaucoup d'objets essentiels, et V. M. est trop instruite de la position de ce pays quant aux finances pour douter qu’il aït les moyens d'aller plus vite qu’il ne le fait. On m’a rendu compte qu’un vaisseau à trois ponts entrera en rade devant Helvoet-Sluys cette semaine.

Depuis mon départ de Paris , Sire, je fais des efforts sur moi-même pour réprimer les sentiments qui m'’oppressent. Que V. M. me permette une courte prière. Je n’ai point signé le traité de Paris sans savoir ce que je faisais. La triste situation où il me devait placer, les désagréments personnels ( pour n’en pas dire plus) queje ne sentais que trop bien, étaient bien faits pour m'’arrêter. Mais lorsque l’on m'a dit que V. M. ne voulait rien qui ne fût possible et qu’elle me met-

mes consuls que toutes les prises doivent être jugées à Paris, même celles faites dans les rades. » Une autre lettre fut en même temps transmise au prince de Neuchatel et de Wagram : « Faites connaître au maréchal Oudinot, par la voie de l'officier d'ordonnance que j'expédie au roi de Hollande, qu’il ne doit rendre aucun compte de mes troupes au roi ni au ministère hollandais ; que les corsaires doivent lui faire des rapports de tout ce qui vient à leur connaissance ; que les marchandises anglaises doivent être poursuivies et saisies partout, même dans les rades; que je ne veux souffrir aucun commerce de la Hollande avec l'Angleterre, Le maréchal Oudinot doit, dans toutes les occasions, s'en expliquer dans ce sens, et répéter dans la conversation que, si la Hollande n’arme pas au plus tôt les neuf vaisseaux qu'elle doit fournir par le traité, elle rendra le traité nul. Enfin recommandez-lui d'écrire au ministre de la guerre tous les jours sur ce qui parviendra à sa connaissance, Diteslui que toute prise qui serait faite par mes corsaires ou mes douanes ne doit être relâchée que par mon ordre, et que la décision doit être soumise à mon jugement ; que l'expérience a prouvé qu’on ne peut rien faire par de bons procédés avec le gouvernement hollandais, et que ce n’est qu'avec des menaces qu'on peut le faire marcher, » (Corresp. de Nap. I°,t, XX, n°s 16465, 16166.)