Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

292 NAPOLÉON AU DUC DE CADORE.

tion, je ne perds pas un moment à vous donner cette nouvelle pour votre tranquillité. Sa conduite est telle qu’elle ne peut être expliquée que par son état de maladie.

NaroLéon A JÉRÔME NAPOLÉON, ROI DE WESTPHALIE.

Saint-Cloud, 20 juillet 1810.— Mon frère, je m'empresse de vous apprendre que le roi de Hollande est aux eaux de Teplitz en Bohème. Comme vous m'en paraissiez fort inquiet dans votre dernière lettre, je ne perds pas un moment à vous donner cette nouvelle pour votre tranquillité. Toute sa conduite est inexplicable et ne peut être attribuée qu'à son état de maladie.

Narozéon A M. DE CHAMPAGNY, DUC DE CADORE,

MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

Paris, 21 juillet 1810.— Monsieur le duc de Cadore, cette circulaire n’est pas bonne. Elle est dirigée contre le roi, au lieu qu’elle doit tendre tout entière à l’excuser. Elle doit rouler sur trois points : 1° difficulté de la circonstance provenant de ce que la Hollande ne pouvait avoir d'indépendance après la réunion de la Belgique ; dans cet état de choses, beaucoup de circonspection, de sagesse et de modération étaient nécessaires dans le gouvernement, qualités dont l'application demande une longue habitude de gouverner ; 2° difficulté provenant d’une dette double du revenu du pays, et de charges triples de ce que le pays pouvait payer, crise dont on ne pouvait sortir que par la vigueur, en sachant prendre un parti décisif, ce qui suppose une connaissance de l’administration qui ne s’acquiert que par une longue expérience ; 3° difficulté où le système du blocus et les arrêts du conseil britannique avaient placé la Hollande. Le roi, aigri par une maladie chronique qui depuis quatre ans ne lui laissait pas de repos, n’était pas l’homme qui convenait. Il fallait, pour réussir dans des circonstances si épineuses , de la longanimité, des mœurs douces et beaucoup de dextérité. En résumé, la situation de la Hollande était difficile : le roi l’a aggravée ; elle avait besoin d’un chef de beaucoup d’expérience, de prudence et d’énergie : la maladie du roi l’a privé de tous ces avantages ; de là les événements qui ont amené ce dénoûment.