Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
XL : NAPOLÉON I+ ET LE ROI LOUIS.
sez dormir cela. Je vous avais écrit de ne le point faire; mais vous me consultez, sans jamais exécuter ce que je vous dis; cela vous expose à faire des choses ridicules (1). » Il exigea que son frère s’entendit avec le corps législatif pour réunir les deux ordres en un seul, sous le nom d’ordre royal de Hollande. Louis dut se conformer à cette injonction. En annonçant à l’empereur qu’il avait suivi ses intentions, il le pria de consentir à porter, & ne fût-ce qu'un seul moment, » la décoration du nouvel ordre (2). Loin d'accéder à ce vœu, Napoléon lui défendit expressément d'accorder cette décoration à aucun officier français, ni à qui que ce fût en France, sans l’avoir consulté (3).
Cependant l'avis d'une innovation plus grave parvint aux oreilles de l’empereur. On l'informait que Louis avait rétabli l’ancienne noblesse dans ses titres et dans ses privilèges (4). À cette nouvelle, Napoléon pensa tout d’abord à rappeler l'ambassadeur Dupont-Chaumont. Il dicta une lettre très-vive (5), dans laquelle il appelait son frère ingrat et parjure, — ingrat, parce que par cette innovation il contrariait indirectement le système politique de la France fondé sur l’égalité des classes, — parjure, parce qu’il violait la constitution donnée à la Hollande en vertu du traité du 24 mai et basée
sur le même principe. Il le menaçait, au cas où il ne rappor-
terait pas cette mesure sur-le-champ, de ne plus voir en lui un prince de son sang, ni même un citoyen français, mais un
(1) Napoléon à Louis, 7 janvier 1807, p. 90, 91.
(2) Louis à Napoléon, 22 février 1807, p. 93.
(3) Napoléon à Louis, 23 mars 1807, p. 98.
(4) Une dépêche transmise par le général Dupont-Chaumont avait fait croire à l’empereur que son frère « avait rétabli les titres de la féodalité. » Voir une lettre de Napoléon à M. de Champagny, du 7 septembre 1807, p. 124, note 1.
(5) Napoléon à Louis, 30 mars 1807, p. 100, note 1.