Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT A LA BATAILLE DE WAGRAM. zxvrr

développerez vos idées en détail sur ce que vous voulez, et vous ladresserez, sous l’enveloppe de votre femme, à Paris ; si jy suis, elle me la remettra, sinon elle vous la renverra (1). »

Selon toute vraisemblance, Napoléon se réservait, dans le cas où Louis eût accepté le trône d'Espagne, d’annexer ensuite la Hollande à l'empire. Il ne devait pas douter du consentement de son frère. Outre que sa santé très-ébranlée demandait un autre climat que celui de la Hollande, n’avait-il pas, à diverses reprises, exprimé le désir de quitter une couronne plus lourde que brillante? La seule condition que Louis paraissait exiger était de sortir avec honneur de sa situation présente. Or n'était-il pas plus honorable de commander à onze millions d'hommes, dans un paysillustré par les souvenirs d’une des plus grandes monarchies de l’Europe, que de régner sur un peuple de dix-huit cent mille âmes, qui devait une gloire, encore récente, à l’industrie et à la liberté? Mais il était dit que les deux frères ne sauraient jamais s’entendre. Louis comprenait l'honneur autrement que ne le comprenait Napoléon. Nous ne possédons pas la réponse de Louis. Nous savons seulement, par un passage de ses Mémoires (2), qu’au lieu de lui plaire cette offre le révolta. © Je ne suis pas un gouverneur de province, aurait-il dit. De quel droït pourrais-je aller demander un serment de fidélité à un autre peuple, si je ne restais pas fidèle à celui que j'ai prêté à la Hollande en montant sur le trône? » On peut juger, par ces seuls mots, du reste de la réponse. C’étaient en somme des principes de conscience et de dignité que Louis opposait aux vues de son frère. Il n'avait assurément pas a grande manière, ni ces allures « mâles et majestueuses » que

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(1) Napoléon à Louis, 27 mars 1808, p. 165. (2) Docum. histor., t. IL, p. 293.