Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LXXIT NAPOLÉON Ie ET LE ROI LOUIS.

plaît pas, il n’y faut plus penser; c’est une affaire finie (1). »

Le nouvel ambassadeur, M. de la Rochefoucauld, était arrivé en Hollande dans le courant du mois d'avril, pourvu régulièrement de ses lettres de créance (2). En voyant se réaliser un vœu qu'il exprimait depuis deux ans, Louis avait cru un moment à de meilleurs sentiments de la part de l’empereur. Il avait été promptement désabusé. Le choix seul de l’ambassadeur eût pu lui donner à réfléchir. M. de la Rochefoucauld était marié à une proche parente de l’impératrice, mère de la reine ; cette alliance le rendait nécessairement peu favorable à Louis. Par les manières hautaines, le ton presque irrespectueux que, dès le début, il affecta devant le roi, il montra ce qu'on devait attendre de ses dispositions. Bientôt Louis ne put douter que, sous le titre apparent d’ambassadeur, M. de la Rochefoucauld n’eût été, en réalité, placé près de lui pour surveiller sa conduite. Il est même permis de conjecturer que ce ministre n’avait pas seulement une mission de surveillance ; car il semblait prendre à tâche de miner l'autorité du roi par d’insidieux discours, laissait croire à l'existence de projets contraires à l’indépendance de la Hollande, menaçait constamment d'ordres secrets dont il était muni et desquels il n’usait pas; disait-il, par pure condescendance (3). Louis, malgré la défance qu'avaient dû luiinspirer des événements antérieurs, ne pouvait supposer que de tels procédés fussent conformes aux intentions de son frère. Uné note inconvenante que, dans le courant de septembre, M. de la Rochefoucauld adressa au sujet du blocus, et dans laquelle ilsommait en quelque sorte le roi de

(1) Napoléon à Louis, 17 août 1808, p. 179, 180. (2) Louis à Napoléon, 24 avril 1808, p. 171. (3) Louis à Napoléon, 25 septembre 1808, p. 185, à 187.