Oeuvres diverses

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« galé tant de fois les aristocrates. Faites-moi paraître, comme Marat, devant les tribunaux, j'en sortirai comme lui. Tout ce que vous dites de moi, vous l'avez dit de lui ; tout ce que vous manigancez contre moi, vous l'avez employé contre lui. Vous ne me reprochez que ce que les Feuillants m'ont reproché avant vous. Je n’ai pas changé, mais vous jouez leur rôle aujourd’hui. »

Je termine. Les citations pourraient être multipliées à l'infini. Avec Hébert, on n’éprouve que l'embarras du choix. Son œuvre renferme tant de richesses inexplorées, d’idées neuves vivement rendues, que j'ai dû citer au hasard.

C’est une chose pénible à certains amours-propres qui voient dans toute qualité de leurs adversaires une insulte personnelle, mais Hébert a du talent. Tous les tons lui sont familiers ; il fait vibrer indifféremment toutes les cordes. Sa verve jette à pleines mains le gros sel et le sel attique. S'il ne travestit point Rousseau dans de mornes tirades, il lit au grand livre de la vie et de la nature. S'il n’a point continuellement à la bouche les mots de principe et de vertu, qui tant de fois ont servi à l'orgueil et à l’envie, il les porte au moins dans son cœur, il les met en pratique, et, afin de les inculquer au peuple, sacrifie ce qu'un homme politique a de plus cher : sa personnalité même.

De plus, et c’est encore un sujet de douleur pour les esprits chagrins dont j'ai parlé, Hébert a de l'honnêteté, de la conviction. Qui pourrait dans ses actes, ses paroles etses écrits, en méconnaître l’accent? — Quelque Machiavel manqué peut-être, dont le masque de patriotisme croit tromper des yeux clairvoyants.

Je lui souhaite un témoignage aussi glorieux pour sa mémoire que le journal d'Hébert.

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