Oeuvres diverses

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de chair est un péché, et il se vautre dans les voluptés. L’escroquerie chrétienne a pour devise et pour enseigne : « Mon royaume n’est pas de ce monde. »

Ainsi, cette force dont la philosophie croit pouvoir se passer, le fanatisme la saisit à deux mains, la brandit comme la foudre de son Dieu et en pulvérise, non pas seulement le réformateur et le sectaire, mais la justice et la civilisation. Jéhovah met à sac les villes florissantes de Chanaan. Allah foule aux pieds de ses coursiers, l'Asie, l'Afrique, l’Europe. Le Christ, plus terrible encore, les dépasse de bien loin sur la route du carnage : il fauche les générations, extermine Alby et Béziers, écrase les Hussites, boit le sang des Vaudois, se repaît de la graisse des suppliciés, brûle à petit feu les volontaires républicains, mutile les vaincus de Martigny, enfin, refréné à grand’peine par le malheur des temps, ce démon condamne, emprisonne, souille, calomnie, vole et lance encore un ricanement de triomphe à la foule dupée et prosternée.

Le crime en est à vous, à philosophes, poètes, hommes de rêve et d'étude, qui déchainez le peuple pour le vendre aussitôt ; Pénélopes modernes qui passez la nuit à défaire le travail du jour. Seulement, votre trame, c'est notre chair. Quand vous coupez, les nations saignent.

Le peuple serait libre depuis longtemps si l’on n’avait pris à tâche de lui prêcher l’impuissance des efforts et de l'égarer dans les déserts de la métaphysique. Ces disciples de Comte, de Proudhon ou de Hegel crient : « Guerre à l'absolu ! » [ls renouvellent le dualisme arbitraire de l'âme et du corps dans les choses politiques, et sur les ruines même des dieux, rééditent une Providence plus fausse et plus fatale que la Providence détrônée. Le christianisme, après Voltaire, Diderot et le ; --eulte de la Raison, étend ses longs bras de spectre jusque

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-gur l'enfant endormi, jusque sur l'épouse couchée à vos