Oeuvres diverses

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côtés, et vous niez la Force! On vous anathémise quand on né vous tue pas ; les femmes vous méprisent ; les petits enfants rient de vous. En prison, sous le fouet, sous la meule, stoïciens burlesques, vous répétez : « La douleur n’est pas un mal, la Force ne peut rien contre le Droit! » Mais quel pouvoir, quelle idée n’a pas été édifié ou détruit par la Force? Citez un seul exemple de culte ou de système abattu par la discussion ou par l'indifférence. L'histoire n’est que le long et monotone martyrologe du Droit, victime de la trahison ou de la sottise.

Etait-ce, oui ou non, le Droit, ces tribuns dont le sang mouille le forum, et qui réclamaient pour le peuple une part des terres conquises au prix de son sang ? L'aristocratie les assassine, et plutôt que de rendre justice à la plèbs, précipite la patrie aux pieds de César que va suivre le Christ. Le chacal suit le lion.

N'était-ce pas le Droit et la vie, ce paisible Polythéisme, dernier asile des sciences et des arts, contre lequel se rue la horde des chrétiens? En vain, il oppose à la barbarie cinq siècles de civilisation et de gloire ; Compelie intrare, hurle la voix de bronze. Les temples sont rasés, les statues détruites, les livres brülés. Etre philosophe ou penser aux dieux d'Eschyle et de Phidias, est le plus grand des crimes : le dernier supplice pour quiconque approche à plus de cent mètres des temples abattus. Le Christ où la mort! Une écume d'esclaves ou d’ilotes, née du césarisme, comme la vermine de la corruption, se rallie à Constantin, Je plus exécrable des empereurs, parce qu’elle trouve dans le baptème la rémission de tous les crimes. Morale, dignité, devoir, affection, patrie, tout est immolé au leurre abrutissant des béatitudes célestes. Alors la nuit, la nuit partout éclairée de la lueur des büchers, qui permet de lire au fronton des cathédrales le dantesque: Lasciate ognt speranza, voi ch'entrabg}