Oeuvres diverses

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Ils parlaient, le peuple agit et laissa bien loin derricre lui ses pales pédagogues.

Les hommes étaient petits, mesquins, esclaves de l'ambition, de l’égoïsme et de la peur ; les assemblées se montrèrent royalistes, girondines, réactionnaires, toujours bourgeoises ; le peuple seul fut le grand révolutionnaire, héroïque, prodigue de son sang et de son cœur, prèt à trancher les situations comme Alexandre.

Aussi l'originalité véritable est-elle dans les quelques figures hardies qui furent les types de la logique et de la grandeur plébéiennes.

Oublions un moment ces orateurs dont cent mille hommes ponctuent les phrases et accentuent chaque mot, coryphées grandis par le sang de la canaille. Oublions ces acteurs à masque et à cothurne portés sur les épaules des masses.

Vieillard haché par le sabre de Lambese, femme et enfant massacrés sur l’autel de la patrie, volontaire crucifié par la piété des chouans sur la lande déserte, ouvrier dont la poitrine nue s'offre aux balles des Suisses, que ne puis-je pénétrer jusqu’à vous, embrasser votre nom et votre mémoire ! Victimes glorieuses et obscures, la renommée n’a point recueilli vos moindres paroles et vos moindres gestes ; elle n’a point fouillé votre vie, depuis la naissance jusqu’au tombeau; elle ne sait point vos noms. Vous êtes tombés, chacun à votre place, avec le droit pour soutien, avec l'égalité pour espoir, sans un pleur ou un souvenir, et votre cadavre est devenu le piédestal des intrigants.

Puisqu'il n’est pas permis d'arriver jusqu'à vous, héros enfouis, j'irai jusqu’à la dernière couche, et du moins je vous glorifierai dans vos chefs, ces bouches qui ne craignaient pas de hurler avec l’émeute, ces mains qui saisissaient la pique et tordaient la corde du tocsin.

Ils ne sont point dans la salle du Manège ou sous les