Oeuvres diverses

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Il parle en ces jours de péril par l'organe du fougueux Danton. Au son du tocsin des Cordeliers, qui jette sur Paris son glas vengeur, chaque section envoie à l'Hôtel de Ville trois commissaires insurrectionnels avec des pouvoirs illimités. La faible commune de Pétion s’évanouit comme un songe. Une forêt de haches, de sabres et de fusils, un flot de colère et de justice roule vérs les Tuileries, en broie les défenseurs, et jette aux pieds de l’Assemblée législative la royauté pantelante.

Paris, ce grand corps, trouve sa tête puissante dans la Commune du 10 août et de 93, la Commune d'Hébert, de Marat et de Chaumette. En ces jours seuls, courte échappée, le peuple, la plèbe, la populace (choisissez), roi toujours en esclave ou en tutelle, régna par lui-même, et, dégoûté des empiriques, fit son vigoureux Coup d'essai. Le gouvernement de ces rudes esprits, c'était la lutte sans trève, la lutte jusqu’à ce qu'il ne restât plus debout un abus ni une erreur. Les hommes vaincus, ils s’attaquèrent aux idées. La royauté, les Girondins détruits, ils voulurent abattre la tyrannie spirituelle, lhypocrite oppression des âmes.

Rien dans l’antiquité ni dans l’ére moderne, dans JAgora ni dans le Forum, qui puisse donner une idée des séances de la grande Commune, cette gloire éternelle de la plèbe.

Les magistrats de Paris siègent dans la salle SaintJean, réservée à tant de tempêtes. Le bonnet rouge, le bonnet du paysan, du forçat et de la liberté, est sur leurs têtes ; la carmagnole, la souquenille du manœuvre, est leur vêtement ; ils portent des sabots, car l’armée manque de chaussures. Plus loin s'étendent les tribunes remplies d'ouvriers de la Grève, de délégués clubistes ou sectionnaires, de femmes et d’enfants avec la cocarde tricolore, foule affamée et défiante, qui garde de ses mille bras et observe de tous ses yeux les chefs de son choix.