Oeuvres diverses

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Le procureur de la Commune se lève, et de cette douce et ferme parole que le peuple aimait tant à entendre :

« Citoyens, dit-il, vous avez proscrit les filles pu« bliques, et vous avez bien fait (1). Maintenant, elles « se sont rendues à la dévotion, et le fanatisme est « substitué à la débauche. Elles vont dans les temples, « elles font des rassemblements avec les prêtres... Les « prêtres sont capables de tout; si vous n’y prenez « garde, ils feront des miracles. Ils empoisonneront les « patriotes ; ils mettront le feu à la maison commune, « ils renouvelleront leurs mines, et lorsqu'ils verront « brûler leurs victimes : « La justice du ciel, prèche« ront-ils, les punit! » Je requiers le conseil de déclarer « le peuple de Paris mûr pour la raison, attendu qu’il « a déclaré ne reconnaitre d’autre culte que celui de « la vertu et de la patrie. »

Le conseil arrête que les églises de tous les cultes et de toutes les religions seront fermées sur-le-champ.

« Nous ne pouvons laisser tromper le peuple, crie « une voix stridente, celle du substitut Hébert ; il faut « que la Commune défende la vente des reliques et de « la poudre d’orviétan ; il faut que les établissements « religieux et les couvents soient changés en hôpitaux « et en établissements utiles. Les clochers sont con« traires à l'égalité, et je réclame leur démolition... « D’autres empoisonneurs falsifient les boissons, je « requiers contre ces hommes des peines sévères. « Parmi les malades de l’Hôtel-Dieu, les deux tiers sout victimes de ces opérations homicides. »

(1) Les filles publiques, ces utiles fonctionnaires de la Régence et du règne de Louis XV, étaient toutes royalistes. Leur alcôve était l'asile habituel des agents de Coblentzet des poétiques chevaliers du poignard. Chaumette, afin d'ôter tout prétexte à ces désordres, avait ouvert d'immenses ateliers pour femmes.