Oeuvres diverses

NOT

cœurs prononceront avec défiance des noms qu'ils éussent acclamés avec amour, ah! c’est mourir deux fois. Hébert déchire ses vêtements, et le mouchard de Robespierre peut écrire à son maitre: « Hébert a paru faible, embarrassé ; la dernière nuit, dans sa prison, il a eu des accés de désespoir (1). >

Il triomphait à son aise, le continuateur de saint Dominique et de Loyola, drapé dans son gilet brossé, divinisé dans l’Etre suprème, frappant à droite et à gauche. Hébert mourait par Camille Desmoulins. Chaumette entraïnait Danton. Nobles et prêtres respiraient abrités derrière le grand pontife. Châtré par la vertu de l'incorruptible, catéchisé par la morale de SaintJust, voué pour tout avenir aux joies de l’ascétisme, le génie de la Révolution râlait, et Catherine Théot, devançant Buchez, annonçait au monde le nouveau Messie.

Il meurt crucifié le 9 thermidor, et ressuscite après 1830. Il vit dans le cœur de l’ambitieux vulgaire, de l'homme qui veut dominer à tout prix, du dandy qui roule entre deux maîtresses et trois chevaux de course sa morale puritaine; il vit dans l’âme haineuse et jalouse, l’esprit bas et méchant. Son ombre, qui ne peut plus tuer, insulte et souille. Basile à longue barbe et à chapeau pointu sort du club ou de lestaminet, et adresse à son compère clérical le sourire de l’augure.

Robespierre vit honoré au milieu des nuages du plus dévot encens, tandis que ses victimes traînent aux gémonies ; son froid regard gläce le cœur et le cerveau de la France, tandis que les représentants de la Vie et du Progrès, les amants de la Nature, dont la généreuse utopie ne demandait qu’à devenir réalité, barbouillés de lie et de sang, plient sous l’injure de tous les enne-

(1) Bucuez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, vol. XXXII, p. 54, rapport de l'espion Laboureau.