Oeuvres diverses

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‘ait labouré les âmes et les intelligences incultes, la rude

voix de révolution sourde à tous les sophismes, et répétant sa devise importune : « Sans égalité, point de liberté. »

Ecoutez cette gueule d’airain où hurlent, avec l'accent des chiens de Seylla, les souffrances des existences broyées , l'ivresse du faubourg à la nouvelle d’une victoire, son eri de fureur au bruit d’une trahison ou d’une défaite. Plongez une minute dans cet étrange pandémonium où grouillent, pêle-mêle et avec une variété étonnante de tons et de coloris, la Marseullaise des fédérés, les coups de feu des Tuileries, les femmes aux portes des boulangers, les saints précipités de leurs niches, tous les gémissements et tous les enthousiasmes. N’en déplaise aux index démocratiques, vous ayez une œuvre éminemment gauloise. On dirait le banquet de Béroalde, où sont réunis Voltaire et Rabelais, Ulric de Hutten et Rousseau. Les philosophes causent avec les maçons, la science trinque sous les tonnelles de la Courtille, et la Raison parle aux habitants des halles leur langage.

C’est que le Père Duchesne ne dispute pas aux vers un cadavre, il ne presse pas dans ses bras un fantôme scolastique mort et vide, momie de philosophe au parfum rance. L’amante qu’il poursuit de son étreinte furieuse est forte et charnue, haute en couleur, allègre et bien vivante. Elle s'appelle la kermesse du monde, la noce de Gamache où s’assouviront les estomacs ct les cerveaux affamés, l'hymne joyeux qui marie les nations dans une carmagnole fraternelle.

« Notre premier bien, c’est le pain, je le sais, dit « un des prônes de ee singulier moraliste : quand on « en a, on ne meurt pas; mais ce n'est pas assez QUE « dene pas mourir, il faut que les braves sans-culottes, « en travaillant, vivent joyeux ; avec le pain, il faut un « peu de fricot. Il leur faut la goutte patriotique pour