Oeuvres diverses

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« les ravigoter quand ils sont exténués de fatigue. Il « leur faut des habits, des chemises, des souliers, ou « tout au moins des sabots. »

Elle parle aussi, la mère Duchesne, cette forte et vaillante créature à la voix rauque, aux mains calleuses, aux traits grossiers, qui, vouée aux durs travaux du ménage et au mépris des courtisanes, élève et soigne l'enfant, tient tout le jour ses bras plongés dans l’eau glacée, prépare le maigre repas et subit humeur ou la joie de son compagnon : elle en a gros sur le cœur. À elle aussi la Révolution est apparue comme le terme ou l’adoucissement de ses misères, et les deux poings sur les hanches : « Ce n'est-il pas criant que les riches ne payent que 6 sols par bouteille pour le vin « de Bourgogne, de Malaga et de Bordeaux, quand le « pauvre monde en paye autant pour boire de la ripopée ? Si on se trouve le dimanche aux fêtes, et qu’on soit tenté de se faire une petite provision pour « se réchauffer la conscience dans la semaine, ne voilà-t-il pas une foule de commis qui vous farfouil« lent partout; et, s’ils mettent la main sur une topette, c'est pis que si c'était la sainte Ampoule... Si j'entame le chapitre des abus, ce n’est pas fini. Ne vois-tu pas que dans notre chien de pays tout est « pour les riches? Pendant qu’on nous fait porter le « collier de force, trimer la galère, tirer le diable par « la queue, et qu’on ne nous regarde pas plus que des « zéros en chiffre, ces gueux de parvenus, ces contrô« leurs des finances, vous ont des hôtels d’une façade « à perte de vue, des carrosses et des équipages, une « vingtaine de chevaliers grimpants au moins aussi « insolents que leurs maîtres ; autant de femmes, qu'ils « entretiennent pour les autres ; et je ne pouvons « obtenir qu’on nous bâtisse une halle couverte, com« mode et à l’abri du froid. Pourquoi ne met-on pas « les impôts sur les carrosses, sur la valetaille et sur

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