Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait
(seprEMBRE 1785) 21
l’article du style ou sur l’histoire naturelle : il est encore très intéressant, lorsqu'il parle de lui : il en parle souvent avec de grands éloges. Pour moi, qui ai été témoin de ses discours, je vous assure que loin d’en être choqué, j'y trouve du plaisir. Ce n’est point orgueil, ce n’est point vanité; c’est sa conscience que l’on entend : il se sent, et se rend justice. Consentons donc quelquefois d'avoir des grands hommes à ce prix. Tout homme qui n'aurait pas le sentiment de ses forces, ne serait pas fort. N’exigeons pas des êtres supérieurs une modestie qui ne pourrait être que fausse. Il y a peut-être plus d'esprit et d'adresse à cacher, à voiler son mérite; il y a plus de bonhomie et d'intérêt à le montrer. Au reste, il ne se loue pas, il se juge : il se
1. On doit convenir d’ailleurs que son amour-propre n’a jamais offensé personne. — En voici un nouveau trait, mais il honore son caractère : c'est ce qui fait [ue nous ne craignons point de l'ajouter à ceux épars déjà peut-être en trop grand nombre dans cet ouvrage.
Buffon avait pour principe qu'en général les enfants tenaient de leur mère, leurs qualités intellectuelles et morales ; et lorsqu'il l'avait développé dans la conversation, il en faisait sur-le-champ l'application à lui-même, en faisant un éloge pompeux de sa mère, qui avait en effet beaucoup d'esprit, des connaissances étendues, une tête très bien organisée, et dont il aimait à parler souvent.