Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait
(sepremBRE 1785) 21
bien faite, et qui a dû être assez jolie. Elle est depuis près de vingt ans auprès de M. de Buffon. Elle le soigne avec beaucoup de zèle. Elle participe à l'administration de la maison ; et comme il arrive en pareil cas, elle est détestée des gens. Madame de Buffon, morte depuis beaucoup d'années, n’aimait pas non plus cette fille : elle adorait son mari, et l’on prétend qu’elle en était d’une jalousie extrême. Mademoiselle Blesseau n'est pas la seule qui commande à ce grand homme.
Il est un autre original qui partage l'empire, c’est un capucin : il se nomme le père Ignace. Je veux m’arrêter un instant sur l’histoire d’Ignace Bougot, né à Dijon. Ce moine possède éminemment l’art précieux dans son ordre, de se faire donner ; si bien que celui qui donne semble devoir lui en être bien obligé. « Ne me donne pas « qui veut », dit souvent le père Ignace. Avec ce talent, il est parvenu à faire rebâtir la capucinière de Semur. Ce mérite est assez ordinairement celui des gens d'Église. J'ai vu un curé, rival d’Ignace dans ce genre de gueuserie : il ensorcelait de vieilles femmes, au point qu’elles se croyaient trop heureuses de lui donner ce qu’elles