Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait
(SEPTEMBRE 1785) 29
démie française ; qu’il y attira tous les regards ; qu'on le plaça dans un fauteuil des quarante ; que M. de Buffon, après avoir prononcé le discours, le ramena dans sa voiture aux yeux de tout le public, qui n'avait des yeux que pour lui. M. de Buffon l’a cité comme son ami dans l’article du serin. Il est aussi son laquais : je l'ai vu le suivre en promenade, tout en clopinant derrière lui, parce qu'il est boiteux, ce qui faisait un tableau à peindre, tandis que l’auteur de l'Histoire naturelle marchait fièrement, la tête haute, le chapeau en l'air, toujours seul, daignant à peine regarder la terre, absorbé dans ses pensées, semblable à l’homme qu’il a dépeint dans son histoire de l’homme, sans doute d’après lui-même, tenant une canne dans sa main droite, et appuyant avec majesté l’autre main sur sa hanche gauche. Je l'ai vu, lorsque les valets de M. de Buffon étaient absents, ôter sa serviette et la petite table sur laquelle il venait de diner. Buffon lui répondait : « Je te remercie, mon « cher enfant. » Et Ignace, prenant une humble attitude, avait l'air plus domestique que les domestiques eux-mêmes.
Ce même Ignace, capucin laquais, est encore